Première des deux unités de la Compagnie-des-Bateaux-Mouches®, dont le refit a été confié à la société quimpéroise Enag, le Mulet-Coureau, battant pavillon français, est paré pour accueillir les délégations olympiques. L’industriel qui a conçu et installé le nouveau système de propulsion hybride du bateau a embarqué avec lui son voisin et partenaire Marinelec pour la refonte des équipements de surveillance et alarmes de sécurité. Ensemble ils achèvent la refonte d’une seconde unité, l’Hirondelle. Ces augustes chantiers témoignent du savoir-faire des deux PME industrielles bretonnes et de leur engagement dans la décarbonation du transport fluvial et maritime. L’électricité générale a été confiée à une autre Sté française Fauché.
Un savoir-faire reconnu sur les systèmes de propulsion électrique et hybride
Michel Larour Directeur du département électromécanique en charge des applications marine, propulsion et EMR, avec 28 ans d’expérience chez Enag précise que ce projet a impliqué environ 35 personnes, qui intègre les études, la conception, l’intégration, les essais en ateliers ainsi que l’assistance à la mise en service jusqu’à la recette finale du bateau. Ce savoir-faire global, Enag l’a déployé avec succès depuis plusieurs années à travers des réalisations dans le maritime et le Fluvial.
Michel Larour, 1er à gauche, et l’équipe de techniciens d’Enag
« Depuis 1993, nous avons plus d’une centaine de réalisations à notre actif sur les activités de propulsion électrique ou diesel électrique. La Compagnie-des-Bateaux-Mouches®, accompagnée d’un spécialiste de la propulsion nous a donc consultés dans le cadre d’un appel d’offres via le bureau d’études Ship-ST. Notre candidature a été retenue pour le lot énergéticien, ce qui est une grande fierté et une belle reconnaissance de notre savoir-faire ».
Une refonte en profondeur
« Nous avons été retenus en milieu d’année 2023 pour les deux navires, l’hirondelle et le Mulet (1ère livraison) pour la remise à niveau de toute l’installation électrique, partant de la sécurité du navire, la surveillance, la propulsion, la production et le stockage d’énergie, détaille Michel Larour.
Ces deux bateaux n’étaient plus en exploitation depuis quelques années. Le Mulet-Coureau se trouvait au chantier SFMNI et l’Hirondelle au Chantier des Hauts de Seine. Le client est donc parti d’une coque nue pour une refonte très importante : nouvelles génératrices, moteurs électriques, batteries, armoires électriques, automatismes sur les deux bateaux et l’Hirondelle sera aussi dotée de nouveaux propulseurs. »
1. Mulet Coureau – 2. New HIRONDELLE – 3. Old Hirondelle ©Compagnie-des-Bateaux- Mouches®
Une hybridation pour la transition écologique
Les deux bateaux sont transformés avec un système propulsif hybride, batteries et diésel-électrique. Le mulet-Coureau, 60 mètres de long a une capacité de 1000 passagers (650 places à l’extérieur et 350 Places à l’intérieur). Il est doté de deux moteurs électriques de 2X 210 kW entrainant des propulseurs Voith revisités et d’un parc batterie de 2X 390kWh. L’Hirondelle, également d’une même capacité de passagers et de répartition extérieur/intérieur, est doté de trois propulseurs azimutaux Schottel neufs, de moteurs électriques de 2x 175kW et 1 X 90 kW et d’un parc batterie identique à celui du Mulet-Coureau.
Cette installation est gérée par l’automatisme Enag P&EMS (Power and Energy Management System). Il gère à la fois les puissances et les stockages d’énergie dans les batteries. La supervision s’effectue depuis la timonerie avec une redondance des moniteurs en salle des machines. Le pilote peut choisir immédiatement le mode de conduite adapté selon la consommation du bord et le niveau des batteries. Il existe plusieurs modes de conduite, notamment un mode économique. Certaines phases permettent de naviguer en zéro émission pour une réduction efficace des émissions de CO2 en zone urbaine. Cela réduit également le bruit, pour le confort des passagers.
Système P&EMS (Power and Energy Management System) © 1. Marinelec/ 2. Enag
Les bateaux effectuent environ 7 à 8 tours de 1 heure et 10 minutes par jour sur la Seine en saison. L’objectif est de naviguer dans des phases de courant avalant en mode tout électrique et en hybride diésel-électrique à contre-courant avec une recharge automatique entre deux rotations. La recharge de batterie peut se faire à moindre mesure en mode diésel-électrique mais essentiellement à quai sur des phases de recharge de 30 minutes à 1 heure en journée et un rechargement complet pendant la nuit.
L’expertise Marinelec pour la supervision des alarmes techniques
Enag a souhaité collaborer avec Marinelec pour prendre en charge la refonte des équipements de sécurité – commande des feux de navigation, Centrale de détection incendie, détection d’envahissement, mesures de niveau, surveillance des portes étanches… et l’AMS (Alarm Monitoring System) qui gère l’intégralité des alarmes techniques du navire. L’AMS M-Task centralise toutes les alarmes pour un affichage unique sur un seul et même écran distinct de la supervision du système de gestion de l’énergie, pour des raisons de praticité et de confort de conduite.
Système AMS M-TASK (Alarm Monitoring System) 2.Armoire-câblage AMS M-Task ©Marinelec
« En amont, explique Christophe MARAN ingénieur automatisme de Marinelec, nous avons construit notre plan électrique et nos applications selon une IO List (liste des entrées et sorties) détaillée propre au navire. Ensuite nous avons développé l’application selon les paramètres et alarmes à surveiller et des pages écran spécifiques souhaitées par le client (comme les réservoirs ou les portes, par exemple) et correspondant exactement au bateau.
1. Affichage M-Task surveillance envahissement & porte - 2. Affichage M-Task contrôle des feux de navigation - 3. Affichage M-Task système de détection incendie ©Marinelec
Nous précablons en atelier le rack automates, nous nous assurons de la bonne communication des différents éléments entre eux avec une série de tests avant de livrer les équipements sous forme de packages dont nous allons faire le commissionning sur place. »
Partenaires de confiance pour la décarbonation des navires
« Marinelec possède un savoir-faire incontesté dans le domaine, technicité, fiabilité… et est en capacité à gérer des plannings serrés, commente Michel Larour. L’entreprise est connue chez notre client La Compagnie-des-Bateaux-Mouches® et elle a une longue expérience du fluvial comme du maritime. Notre client souhaitait aussi s’entourer de professionnels français. »
Christophe a passé plus d’une semaine à bord après les premiers câblages pour vérifier l’installation et toutes les alarmes. « Je me suis assuré de la qualité des signaux d’alarme et j’ai vérifié la conformité des indications sur les différents moniteurs : retours de consigne, niveaux de cuve, commande de ventilation et tous les retours d’alarmes…
J’ai particulièrement apprécié la collaboration avec l’équipe d’Enag, dont Gilles et Mickaël qui sont d’excellents techniciens. Nous parlons le même langage, ce qui a permis d’être réactif et de répondre en temps réel aux applicatifs souhaités par le client. C’est aussi une fierté partagée de travailler avec une compagnie qui arbore le pavillon Français et de contribuer, avec un partenaire local, à la décarbonation des navires. » conclut Christophe.
Le Mulet a été livré fin juin après mise en service de la nouvelle installation, essais et approbation du RINA. L’exploitation du navire va pouvoir commencer dans le cadre de l’ouverture des Jeux Olympiques de Paris. La livraison de l’Hirondelle est prévue courant août avec un équipement similaire.